De quoi s'agit-il ?

Cet espace est consacré à la mise en forme des "proses du transcybérien", sorte de carnet de voyages virtuels en ce qui fut la Cybérie (expression consacrée par nos cousins québécois pour dénommer la blogosphère).
Je l'ai imaginé à la façon d'un trajet d'une Moscou à une Vladivostok irréelles, au sein de différents espaces parcourus ainsi que les couloirs des wagons d'un train d'écritures : le transcybérien.
Il sera découpé en plusieurs tronçons s'inspirant de la réalité géographique, et marquant des étapes clefs dans cette alternance de billets d'humeur, de commentaires inspirés, de correspondances plus ou moins intimes, et de portraits au couteau.
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Auteur cybérien post-Poétique.

mercredi 15 juillet 2009

Prologue

Le transcybérien, c'est ainsi que je nomme cette succession de blogs, que je pris comme autant de trains, pour voyager, accompagné sur la toile, d'une Moscou à une Vladivostok virtuelles.
Ce terme m'est venu à l'esprit un jour que, trainant en blogosphère, je fus interpellé par l'expression qu'un jeune québécois utilisait pour la désigner : la Cybérie.
Eu égard ses froideurs numériques, ses étendues infinies et son romantisme intrinsèque, je trouvai la trouvaille épatante !
Le parallélisme avec le train la traversant fut ensuite une évidence...
Je pris donc le transcybérien un soir de grande déréliction. Je le pris pour les beaux yeux d'une mythomane, à l'époque où les réseaux sociaux n'avaient pas encore été inventés dans leur forme actuelle, et où l'on consultait librement les profils des utilisateurs. Je le pris par hasard en découvrant un nouveau bouton sur un déjà vieil outil de discussion instantanée. Je me questionnai alors quant à l'utilité d'un blog, puis me souvins de ces textes écrits douze ans plus tôt, les derniers avant de plonger dans le grand coma créatif d'une parenthèse en forme de vie sociale. Je décidai donc de les y recopier avec la curiosité de savoir s'ils trouveraient un écho. Je venais inconsciemment de mettre le doigt dans un engrenage qui entraînerait le bras, le corps et l'âme avec.
Ce fut le premier train, "le coin des poètes disparus". C'est à lui et à la façon dont je fus surnommé que je dus longtemps le pseudonyme de « capitaine »... Rapidement, le joli profil se transforma en une histoire abracadabrante qui n'eut pour seule valeur concrète que de me pousser à reprendre la plume. De nombreux commentaires churent aussi en cet endroit. Des liens se créèrent, toujours plus nombreux, multipliant les échanges asynchrones puis les discussions en ligne, en ligne de train comme on dirait en ligne de coke...
Ainsi se passa l'été, entre folie amoureuse impalpable à la poursuite d'un fantôme laissé il y avait longtemps à Brest, et de nouvelles amitiés virtuelles. Puis le château de cartes mensonger que l'on m'avait dressé, finit par s'écrouler, chassé du souffle d'une autre mythomane, d'une autre duchesse romantique pour laquelle j'étais prêt à embarquer vers une aussi perfide Albion. Ainsi va-t-il de la Cybérie.
Octobre vint. Un été indien. Souvenez-vous de ces quinze premiers jours d'Octobre ! J'avais pris la décision de partir quelques jours sur Paris, histoire de me remettre de cette Bérézina sentimentale, histoire de revoir mes amis d'enfance, histoire de faire une rencontre Fontaine Saint Michel, avec les œuvres complètes de Vladimir Maïakovski sous le bras.
J'y rejoignis une très jeune journaliste écrivaine qui était de mes contacts; elle travaillait chez Nova et son pseudo était comme d'évidence Petite Nova... Elle écrivait comme l'eût probablement fait Amélie Poulain si elle avait fait montre d'un talent de plume. Elle fut très jolie quand je la vis. Mais si tout partit bien, tout se délita par faute de tenue, par faute de bien-être mental, et il ne me resta plus de ce Paris-indien, en reprenant le chemin du Finistère, que l'ombre de la révolution d'Octobre que Maïakovski avait porté sur mes mots.
Je détruisis le premier blog, quittant ainsi le premier train, mais ne quittant pas pour autant la Cybérie. Dans l'élan de cette folle écriture aux kilomètres auxquels je ne pouvais qu'être aliéné, j'écrivis chez les autres, posant ça et là proses et vers, voyageant clandestin aux environs d'une Krasnoïarsk imaginaire, avec nulle plus grande psychose créatrice que celle d'un automne brusquement devenu froid, humide et sombre, pareil à cette écriture que je laissais tomber en pluie.
Il y eut une autre Audrey après la Petite Nova, il y eut la petite Fanny et ses 17 ans géniaux mais peu sérieux de Rimbaud, il y eut la bipolarité de Marie, il y eut mes autres amies, Mourka, Annaëlle, Mona, Llyamanthis, qui me protégeaient comme des babooshka, et quelques amis sincères, le bagnard, Tipoulé, Vincent, Monsieur Mian. Puis il y eut ma grande amie Cécile alias Les_lilas, la petite parisienne, la grande duchesse romantique... Nous passions tant de temps à échanger nos mots, nos mots graves et gravés, nos mots dits. Je lui parlais de mes amours rêvées dans ce présent matriciel, de mes amours pleurées en rayures de sang, nous parlions. Elle ressemblait à une actrice très connue. Les caméras indiscrètes se chargeaient de véhiculer ces froids empourprements, ces chaleurs latentes. Et jamais plus beaux vers ne me furent écrits qu'en ce froid mois de décembre.
Ainsi était-il de la géométrie littéraire que j'allais m'imposer comme discipline de travail, vers ce qui commençait à ressembler à ma résilience.
Pour l'heure, le temps des fêtes fut aussi celui des aveux sentimentaux dangereux. Aussi, après avoir essuyé la plus troublante et désapointante déclaration de celle que je ne pouvais me résoudre à rejeter, je décidai de partir en Irlande.
Ma grande duchesse romantique ne toléra pas que je ne voulus me faire l'excuse de son adultère en la rencontrant en terrain neutre. Elle fit semblant de m'oublier...
Mon projet, mon voyage en mot, suivit son court dans le cadre alors rigide que je lui avais destiné. Il y eut d'autres duchesses cybériennes, Khloya, Margod, Sacha, et un nouvel été survint, avec la naissance d'un quatrième train pour lequel je changeai par envie.
Oui, l'été vint un gentil rêve empoisonné sous la forme d'une Gente Gabrielle, trainant en me suivant depuis l'automne précédant, de trains en trains, voilée comme l'étaient de leur chapeaux, les femmes de la première moitié du siècle précédent. Je ne savais que peu de choses d'elle, mais la voyant, je sus mettre un sentiment sur diverses expressions... En deux mois, j'avais écrit la bagatelle d'une quarantaine de textes... Nombre de ceux-ci sortirent alors du cadre d'écriture que je m'étais imposé. Ils furent le germe d'un autre recueil auquel je me mis alors à l'ouvrage en parallèle.
Puis Septembre passa, mon gentil poison se fit amer, et je revins à pour continuer le chemin d'écriture. Il y eut donc un autre train, en branche parallèle, comme il en est du transsibérien et du transmandchourien qui s'en va joindre Kharbine. Il fut à l'image du poison dont je gardais l'effet, de l'adorable jeune femme qu'une amie cybérienne me fit connaître pour traverser l'hiver à ses côtés, de nouvelles duchesses plus que romantiques pour lesquelles, le néo-bovarisme que l'on vit ici est plus encore qu'une religion !
Me vint aussi l'idée, suite à une remarque passée de la Petite Nova, que toutes mes notes, billets en proses, commentaires et courriers, rédigés durant cette odyssée numérique, pouvaient avoir un quelconque intérêt. Je me mis alors en tête de les organiser tel un carnet de voyage entre les deux bouts du transcybérien, dont je ne voyais pas encore l'issue. Voilà ce qui donna naissance aux "proses du transcybérien".
Plus qu'une étude sociologique, elles auront pour vocation d'être le témoignage vécu de l'intérieur, de cet univers étrange qui mêle aux tentatives littéraires, les envies et les peurs d'un peuple débarquant dans des contrées qui lui sont inconnues. Car, pour paraphraser ce que me dit un jour de la philosophie, le professeur de lettres qui m'inclina à l'acte d'écrire, la sociologie peut, bien sûr utiliser d'autres modes d'expression, mais elle ne peut se dispenser d'être le débat authentique d'êtres en chair et en os, voire en codes binaires...
Dans la foulée de ce constat, il y eut la fête des fous, entre la Noël et l'Epiphanie, au passage de l'année suivante, et les proses échevelées que nous menâmes avec Gaëna, petite québécoise, rêveuse véloce, enchevêtrant plus que de raison les sentiments aux mots qu'ils véhiculent. Celles-ci vinrent nourrir l'accumulation de mes billets transcybériens...
Nous en gardons également une chose qui m'est chère : la complicité de la correspondance littéraire.
Un autre printemps vint avec sa vague de nettoyages. Je fis disparaître un autre blog, comme on jette un piano à la mer, croyant m'émanciper d'aucunes. Voyage ailleurs, comme en mer de Chine, pour mieux revenir... Rechercher la jonction, comme sur la carte asiatique. Le blog du compte à rebours, un second, puis un troisième, en gare de Vladivostok, où je traînais, arpentant les rues virtuelles depuis un certain temps, cherchant l'embarquement. Mais tout s'acheva, bien des mois plus tard, le plan de travail touchant à son terme.
Ce fut un long périple marqué de mains témoignages, dont je souhaite à présent vous faire part.
La beauté de l'humanité réside en ce qu'elle se manifeste tant dans la réalité de la rencontre, que dans sa simple possibilité. Amour, amitié, nous ne sommes que de petits produits dans le grand mixer du monde. Serions nous passés du fouet au batteur électrique ? Internet fut un outil d'apprentis sorciers, nous nous en servîmes comme nous le pûmes. Néanmoins, nous le fîmes avec envie et confiance. Puisse cette route éclairer un peu ceux qui la parcourront derrière leurs éclaireurs !

2 commentaires:

Philippe a dit…

Bon voyage à ce nouveau train!

valou a dit…

Nos grands parents se retrouvaient autour d'un café, d'un verre, le soir ....le modernisme ,l'activité excessive de nos vies, nous ont renfermés dans nos logis respectifs. La communication est devenue difficile pour les personnes seules. Internet à permis à certains de se sortir de cette solitude si difficle à supporter . Personne ne pouvait s'imaginer qu'il pouvait générer une certaine addiction cybérienne .
Alors racontes nous ton voyage qui à l'air passionnant....